Lérytia-Fantaisia
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Lérytia-Fantaisia

Lérytia-Fantaisia est une école d'apprentis-sorciers, construite dans un monde où la magie est reine: Lérytia.
 
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 petites nouvelles

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Aliana Deltorine
Prof de Mythologie
Aliana Deltorine


Féminin Nombre de messages : 264
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Date d'inscription : 03/12/2007

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MessageSujet: petites nouvelles   petites nouvelles Icon_minitimeSam 5 Jan - 14:44

j'ai décidé de mettre ici quelques petites nouvelles, j'avais mis le portail il y a quelques temps mais j'ai voulu corriger un truc et je l'ai supprimée alors je recommence avec une autre... j'en mettrais peut être d'autres mais si vous voulez mettres des commentaires n'hésitez pas...

LE BAL DE SAINT SYLVESTRE


- Ouah ! Canon ton armure ! Comment t'as fait ?
- Mon oncle travaille comme tôlier. Ils jettent des tas de plaques de fer dans son usine. Et comme c'est un pote au gardien, on en a récupéré et découpé puis il les a troués et on a passé un fil de fer fin pour les lier. Dommage qu'on ait eu le temps que de faire le torse et le dos.
- C'est déjà pas si mal ! Et le casque ?
- Oh ! C'est celui de cross de mon frère. Avec un bon coup de peinture, une tige de fer pour l'arête nasale, tu fous une bande de fausse peau d'ours pour cacher les défauts et le tour est joué.
- Et l'épée ? C'est celle de ta soeur ? railla un petit brun qui suivait la conversation à quelques pas d'eux, adossé à la porte de la taverne.
Les deux jeunes gens se retournèrent comme un seul homme et dévisagèrent l'importun.
Les cheveux mi-longs, son nez aquilin et ses petits yeux sombres toujours en mouvement lui donnaient une vague ressemblance avec la fouine nichée sur son épaule.
Vêtu entièrement de noir, sa longue cape de cuir souple s'entrebâillait, laissant voir une chemise de soie largement ouverte dévoilant de nombreuses chaînes d'or serties de diamants et de pierres précieuses.
A son côté, pendait une bourse largement garnie et une épée dans un fourreau de poils également couleur ébène dont la poignée, délicatement ouvragée, était fine et courte et terminée par une lame légèrement recourbée.
Ses chausses collantes dépassaient de bottes souples en peau tannées.
Il les toisait d'un air dédaigneux.
Une femme aux longs cheveux couleur corbeau, recouverte d'un ample manteau de fourrure sombre le frôla et, d'un signe entendu, il lui offrit son bras. La fouine sauta sur l'épaule féminine et ils entrèrent dans la taverne.
- Quel toupet ! lança le plus jeune.
- Bah ! Laisse ! poursuivit l'autre, magnanime. Il s'y croit vraiment, pas la peine de l'encourager. Puis changeant de ton, il poursuivit joyeux. Mais dis, t'es pas mal non plus !
Sylvain tourna sur lui même.
- Cool, n'est ce pas ?
Son costume représentait un démon poilu recouvert d'une cape. Il sortit de son sac son masque et l'ajusta. De jolies cornes torsadées, une barbichette postiche et des yeux rouges qui s'illuminaient, rendaient une assez bonne ressemblance avec les démons à face de bouc qu'ils côtoyaient dans les Jeux de rôles.
- Génial ! C'est du latex ?
- Ouais ! Je l'ai acheté chez un spécialiste.
- Il te manque plus que l'odeur.
Ils rirent de la plaisanterie, et c'est le coeur joyeux qu'ils entrèrent, non sans avoir versé la pièce d'or qu'ils avaient reçu lors de leur réservation, à un usurier ventripotent qui se tenait près de la porte escorté de deux hallebardiers à l'air aussi engageant que des molosses.
- Ils n’ont rien négligé ! lança Sylvain.
- Ils peuvent pour le prix ! grogna Roger.
« La Taverne Des Rencontres » était un haut lieu en ce qui concernait les soirées déguisées. Ils n'en organisaient qu'une seule par mois, mais cela suffisait amplement car la salle était toujours comble. Le reste du temps elle faisait fonction de bar qui attirait les rôlistes, car il possédait des arrières salles où l'on pouvait, moyennant un léger tribut, jouer aux jeux de rôle toute la journée ou toute la nuit, voire les deux.
Ils avaient déjà loupé la soirée STAR WAR et la SPECIAL CTHULHU et avaient réussi in-extremis à avoir des places pour la Médiéval Saint Sylvestre.
La fumée semblait auréoler les participants.
Elle provenait de divers braseros où brûlaient des encens parfumés et de la large cheminée où un cochon entier rôtissait.
Les tables de bois brut portaient de nombreux cercles de chopes et diverses entailles.
Ils choisirent une table légèrement en retrait et s'y installèrent dans un cliquetis de métal que Roger ne put empêcher.
- T'as vu leurs costumes !
- Ouah ! Dément !
Une servante à la poitrine plantureuse retenue de justesse par un corset de cuir brut posa ses mains sur la table et, d'un air mutin, pointa son petit nez vers eux.
- Et pour les deux jouvenceaux ce sera ?
Sylvain rougit violemment et commença :
- Un coc...
Un coup de coude de son compagnon lui coupa le souffle.
- Deux chopes de ton meilleur hydromel, ma belle !
Une étincelle de gaieté traversa le beau regard vert de la servante et d'un geste provoquant, elle rejeta ses lourdes boucles rousses en arrière.
- Bien, Messeigneurs !
Dès qu'elle se fut éloignée, Roger admonesta son ami.
- Pourquoi pas demander du lait pendant que tu y es ? Tu veux qu'elle nous prenne pour des puceaux !
- Mais on est pu...
- Ferme-là !
Furieux, il détourna la tête et s'abîma dans la contemplation d'une jeune femme revêtue d'une tunique transparente qui, enchaînée aux poings et au cou, suivait docilement un marchand à la panse bien rebondie qui riait aux éclats.
Sylvain, de son côté, observait un homme qui avait un déguisement semblable au sien, si ce n'est le visage qui mieux réussi, mi-humain, mi-bouc, était bien plus effrayant de part le petit quelque chose de sournois et de malveillant qui l’animait.
Soudain, il agrippa le bras de Roger, y imprimant ses griffes postiches.
- Espèce d'idiot ! s'écria l'autre en lui donnant une bourrade.
- Roger ! Roger ! Ecoute, c'est pas possible !
- Dans ce cas ferme-la ! ironisa l’autre.
- Mais je t'assure ! La face de bouc s'était tournée vers le guerrier. Tu vas pas me croire et pourtant y'a un mec qui a un costume presque comme le mien, sauf que le masque est plus sadique et... et...
- Et quoi ? lança Roger exaspéré.
- Il a avalé un poulet comme si c'était un apéritif.
- Tu divagues ! T'as rêvé !
- Je t'assure ! C'est pas un masque ! Il est vrai !
- Arrête ton char ! T'es simplement jaloux parce que ses mouvements sont plus fluides ! Parce que son latex est plus souple !
- Non, je t'assure ! Il a ouvert une bouche... Une bouche !!! Et j'ai vu ses dents, longues fines et pointues !
- Ouais, j'ai compris ! C'est la der que je t’emmène avec moi. Sérieux. Tu me déçois. Je t'aurais jamais cru comme ça ! Jaloux au point d'inventer des histoires !
- Mais c'est pas des histoires ! J'te jure !
- Laisse tomber !
Roger retourna à l'esclave, mais celle-ci avait disparu.
Désormais, se dressait au comptoir une jeune femme de vingt ans environ. Son ample manteau blanc, sa robe de bure et son symbole doré représentant un cercle coupé d'une épée avouaient sa condition de clerc. Ses longs cheveux blonds lui retombaient en cascade sur les reins, ses yeux bruns, inquiets, sautaient d'un convive à l'autre à la recherche d'un visage ami.
Le jeune homme se leva et s'approcha.
Sylvain, de son côté, retourna à son bouc. Celui-çi le scruta un instant de ses yeux railleurs, couleur de braise. Avec volupté, il se passa une langue longue et humide sur les lèvres. Une langue qui n'avait rien du latex. Quelques gouttes de salives s'échappèrent de sa bouche et touchant le sol dégagèrent de petits nuages de fumée au fur et à mesure qu'ils creusaient le parquet.
Sylvain, d'un bond, fut sur pied et se précipita vers son compagnon qui entamait la conversation avec la jeune blonde.
- ROGER !!!
A la vue de l'ignoble bête qui leur fonçait dessus, la «clerc»brandit son symbole en criant.
- VADE RETRO ETRE MAUDIT !
Une femme noire de dix ans son aînée lui saisit le poignet et, rabaissant son bras, grogna.
- Petite idiote ! N'as-tu donc pas reconnu l'odeur ? Puis sans la lâcher, elle l'entraîna.
Roger se tourna brusquement vers Sylvain.
- Espèce d'abruti ! Tu m'as cassé mon plan ! Tu mériterais que je t'explose la tête.
Un mage aux longs cheveux gris, assis à califourchon sur un tabouret à côté d'eux, dit en brandissant un bâton.
- Je peux vous y aider si vous voulez.
Les deux jeunes hommes le dévisagèrent. Le bâton en bois noir gravé de rune se mit à vibrer, la boule violette qui le terminait scintillait d'un feu doré.
Sylvain se prit la tête à deux mains en gémissant et Roger lui assena une paire de gifle.
- Suffit de faire le con ! Tires-toi que je ne te vois plus !
Puis, furieux, il se détourna et revint s'asseoir boudeur à sa table.
Là, la serveuse approcha et posa les deux chopes.
- Votre ami est déjà parti ? demanda t-elle moqueuse.
- Si seulement c'était vrai, gente demoiselle, mais un sort maudit me rattache à lui.
- Il est vrai qu'il est rare de voir un paladin assisté d'un démon pour écuyer ! L'odeur ne vous incommode-t-elle pas ?
Elle s'écarta avec un grand éclat de rire. Roger rageait. Jamais plus il ne lui adresserait la parole. D'une traite, il avala la première chope d'hydromel.
Le goût douceâtre lui donna un violent haut-le-coeur.
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Aliana Deltorine
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MessageSujet: Re: petites nouvelles   petites nouvelles Icon_minitimeSam 5 Jan - 14:44

Au bout d'un instant, l'alcool aidant, il se sentit beaucoup mieux. Sylvain, les larmes aux yeux, était parti. C'était mieux ainsi. Il n'était qu'un boulet et puis, de toute façon, il serait toujours temps de s'excuser plus tard.
Maintenant, place au rire, aux femmes et à la boisson. Il saisit la seconde chope, se leva titubant, puis se ressaisissant, avança vers le centre de la salle. Un ménestrel pinçait son luth et chantait une ballade depuis un moment. Dames et damoiseaux, seigneurs et princesses, démons et fées, tous se côtoyaient et bavardaient gaiement.
Des monstres ! Quelle idée absurde.
De larges coupelles, remplies de mets aussi exquis que différents, étaient disposées au centre de chaque table. Les convives y piochaient allègrement.
Rassemblant son courage à deux mains, il s'avança avec sa chope pleine vers une table du fond. Là, une jeune femme aux cheveux de jais, à moitié dissimulée par la pénombre, un bâton torsadé serti d'une pierre noire posé près d'elle, étudiait un vieux livre poussiéreux.
D'un pas assuré, il avança prenant au passage une torche sur l'un des murs. L'approchant à quelques centimètres de la chevelure corbeau, il posa bruyamment son verre sur la table et s'avança jusqu'à lui toucher le front de son casque.
Elle releva lentement les yeux et le dévisagea froidement.
Le temps sembla s'altérer et un froid intense le parcourut.
Au bout d'une minute, elle ouvrit enfin la bouche.
- Que me veux-tu, maraud ?!
Son ton glacial acheva de le pétrifier.
- Je... Je... Je suis un chevalier ! glapit-il d'une toute petite voix qu'il ne se connaissait pas.
- TOI ! CHEVALIER ! Elle éclata de rire, ajoutant à sa confusion. TOI !
A ce moment, une ombre passa une main par-dessus la frêle épaule féminine et vive comme un éclair, elle en saisit le poignet, amenant le visage du jeune homme brun de l'entrée dans le cercle de lumière.
- Regarde, Brian ! Ce manant se dit chevalier !
L'instant d'après, le dénommé était retourné dans l'ombre.
Roger se releva brusquement et brandissait la torche pour éclairer les ténèbres derrière la jeune femme quand il sentit le contact froid d'une lame sur son cou.
- Dis-moi, mécréant, ne t'as t-on jamais dit que l'habit ne fait pas le moine ?
Une poigne d'acier lui broya l'épaule et le retourna comme une crêpe. Maintenant, il pouvait voir son adversaire qui jouait avec sa dague à quelques centimètres de son oeil gauche, le faisant absurdement loucher.
- Et la politesse ? reprit le brigand. La connais-tu ? Ne t'as t-on jamais dit qu'il était extrêmement imprudent de chercher à voler la femme d'un maître-voleur.
Roger ouvrit pitoyablement la bouche, mais son gosier sec refusa de lui obéir. Quand il parvint enfin à articuler quelques paroles ce fut d'une voix de fausset qui lui fit monter le pourpre aux joues.
- Qui... Qui êtes-vous ?
L'autre baissa son arme, recula d'un pas et, avec une demi-révérence, se présenta.
- Brian de la Dague Diamant et voici ma compagne, Sélène.
D'un hochement de tête, elle le salua avant de demander.
- Et toi, qui es-tu ?
- Je... Je suis Roger... Il aspira une grande goulée d'air, puis, fermant les yeux, lança d'un trait. Je suis Roger le preux chevalier !
Ils le dévisagèrent, impassibles, un instant puis, de concert, éclatèrent de rire.
- Quelle originalité ! clama Sélène.
- Je n'aurais pas fait mieux ! s'esclaffa Brian.
Roger rougit violemment. Alors un éclair dangereux passa dans les yeux du voleur.
- Puisque tu es si preux, tu ne refuseras donc pas un combat à la loyale !
Le jeune homme se mit à trembler.
- C'est que...
- Serais-tu couard ?
Brian rangea prestement sa dague dans sa botte et, dégainant son épée, la balada sous le nez de l'inconscient.
- Pas exactement, mais...
- Il n'y a pas de juste milieu. Ou tu relèves le défi, ou je te découpe en morceaux.
Roger, désormais pris de panique, reculait.
- Il y a peut être un moyen de s'expliquer...
Avec un sourire malicieux le maître-voleur répondit.
- Admet que tu es un lâche !
- Que je...
Soudain un immense sourire éclaira les traits du pseudo-guerrier, déconcertant son adversaire.
- J'ai compris ! Vous êtes des acteurs engagés par la taverne pour recréer l'ambiance ! Et moi qui ai marché comme un bleu. Félicitations ! Vous m'avez bien eu ! L'épée est rétractable, c'est ça ? C'est en quoi ? Plastique ? Latex ? C'est super bien imité en tout cas !
Roger se sentait soudain plus léger, alors la lame décrivit un arc de cercle et après une légère brûlure, il sentit un liquide chaud et poisseux lui couler le long du bras gauche.
Avec horreur, il regarda son sang s'écouler et imbiber sa tunique pour former une vague fleur vermeille.
- Et ça ? reprit l'autre, railleur. Qu'est-ce à ton avis ?
- Je... Je saigne ! murmura t-il, les lèvres tremblantes. Je saigne !
Sélène et Brian s'esclaffèrent.
- Perspicace ! Tu en as d'autre comme ça ?
Une petite foule s'était rassemblée autour d'eux et Roger n'y voyait pas un seul visage compatissant. La fouine avait réintégré sa place, sur le haut de l'épaule de la jeune femme et semblait, elle aussi, s'amuser du spectacle.
- Ce n'est pas du cinéma ! Il m'a vraiment blessé !
Ce disant il se précipitait vers chaque personne montrant sa blessure et répétant sans cesse.
- Je saigne ! Je saigne ! provoquant l'hilarité générale.
Soudain tous s'écartèrent pour laisser passer un seigneur richement vêtu d'apparence humaine. Seul ses yeux pourpres dans son visage délicat trahissaient sa nature. Il foudroya Roger du regard qui ne put s'empêcher de reculer. Dans sa précipitation, il heurta la table et renversa la moitié de sa chope sur son pantalon de peau moulant.
- Mais que dirait-on ? s'écria le seigneur d'une voix d'outre tombe. Le puceau aurait-il fait dans ses linges ?
Toute sa cour s'esclaffa alors que le pauvre jeune homme copiait sur son visage la couleur des yeux de braises.
- Est-ce toi le pourceau qui gémit ?
Alors, désignant Brian du doigt il geignit.
- C'est lui qui m'a blessé !
Brian fit une demi-révérence et tous s'esclaffèrent de nouveau. Le seigneur lui même ne put empêcher un gros rire de s'échapper de ses lèvres. De sa voix caverneuse, il reprit au bout d'un moment.
- Quel était le dilemme ?
Le Maître-Voleur avança.
- Je disais que ce manant, qui dit s'appeler « Roger le preux chevalier » ...
A ces mots, les rires fusèrent de plus belle.
- Je disais, reprit-il quand ils se furent calmés, que cet homme est un couard !
Les yeux du seigneur devinrent ardent.
- C'est là une accusation sévère ! puis s'adressant à Roger. Allons dégaine ton épée et que le sang décide de la vérité.
- Mais... Mais...
Le cercle s'était élargi, Sélène, toujours assise, lança un foulard de soie noire à son compagnon qui l'attacha à son poignet.
- Je porterais les couleurs de ma belle !
Des hourras et des bravos saluèrent son geste.
Roger tournait sur lui même. Ce ne pouvait être qu'un rêve, qu'un cauchemar ! Mais alors pourquoi son bras lui faisait-il si mal ?
Comme dans un rêve, il dégaina son épée. Qu'elle lui paraissait lourde ! Lui qui ne s'était jamais battu, pas même aux poings.
Là, ce ne serait plus les dés qui décideraient de son sort, mais son adresse et sa force. Et c'était sa vie qu'il jouait et non plus celle d'un personnage sur papier.
Brian attendit, immobile, qu'il lança le premier coup et para de sa lame. Le choc fut si violent que Roger ne put retenir son épée qui lui échappa des mains.
- Ramasse ! ordonna le Maître-Voleur.
Le jeune homme obéit sous les hués des spectateurs.
- Le combat est inégal ! gémit-il.
- Il a raison sur un point ! s'inclina Brian, Pas sur le fait du combat, puisque celui-ci n'a pas encore commencé, mais sur le fait que nos forces sont inégales ! Car bien que je ne sois qu'un voleur et, lui, un preux chevalier...
Les rires retentirent encore une fois.
- Je lui suis infiniment supérieur.
Il fit une demi-révérence et reçu de nombreux applaudissements.
- Aussi, continua-t-il avec un sourire sournois, je lui donnerai un avantage et non des moindres. Sélène !
Il lui tendit la main et elle le rejoignit. Otant le foulard de soie de son poignet, elle lui banda les yeux.
- Frappe le premier !
Roger saisit son épée bien au-dessus de lui et, avec un cri de rage, se précipita.
Le voleur esquissa un pas de côté et la lame fit voler quelques éclats de bois du plancher.
- Prend garde ! reprit l'autre moqueur. Tu risques de te blesser !
- Je te tuerais !
- Mais voilà que la fourmi se rebelle ! s'esclaffa le voleur avec un deuxième pas de côté.
- Tu triches ! Je suis sûr que tu vois !
Le visage du Maître-Voleur pâlit et, d'une voix blanche, il cingla.
- Ne dis jamais à un gentilhomme qu'il ment car l'honneur bafoué te conduira à la mort !
Et, sur un preste coup d'épée, il lui fouetta le dos. Les plaques de métal n'amortirent que peu le choc et Roger poussa un cri de douleur.
Avec bonne humeur, Brian ajouta.
- Sache, petit ver, que si tu ne veux pas que je te repère, il faut te taire et non mugir comme une vieille carne !
Mettant le conseil à profit, et sans dire une parole, il frappa de toutes ses forces, mais fut dévié sans peine par la lame du cimeterre sous les hués des badauds.
- Un autre conseil ! Ta démarche ! Fais la moins pesante, tu fais trembler tout l'édifice !
- Cela suffit ! intervint le seigneur aux yeux pourpres, Finis-en. Nous avons nombre de choses bien plus importantes à traiter.
Roger effaré vit alors Brian s'approcher et, d'un geste précis, lui enfoncer sa lame entre les plaques qui couvraient son estomac, et tourner, tourner, tourner...



* * *



Sylvain se dandinait d'un pied sur l'autre.
Sur le lit, Roger se tordait de souffrance, les mains crispées sur son estomac.
Sa mère se tourna une nouvelle fois vers lui.
- Ce que tu dis n'a pas de sens !
- Mais j'vous jure, M'dame, c'est pourtant ce qui s'est passé !
- Roger n'est pas assez stupide pour s'être laissé entraîné.
- Mais c'est pourtant c'qui s'est passé ! J'ai essayé de le retenir mais il n'a pas voulu m'écouter, j'ai tout suivi de l'extérieur, par la fenêtre. L'autre l'a défié et il a relevé le pari. Il a avalé la pilule de LSD avec le Whisky coca. J'peux partir maint’nant ?
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