Rencontres nocturnes

Akiyoshi pressa le pas pour s'éloigner un peu de l'école. La nuit était déjà tombée, mais elle tombait très tôt en cette période de l'année. Bientôt, il arriva à hauteur du cimetière et fut parcourut d'un frisson à la vue des pierres tombales s'élevait sinistrement.

*Mais qu'est-ce que je fiche ici moi ?*

Il se le demandait bien. Il avait seulement ressenti, une nouvelle fois, le besoin de s'échapper et d'aller au contact de la Nature qui lui manquait chaque jour. Mais à présent, seul près de ce lugubre cimetière, en pleine nuit, il n'était plus vraiment sûr de vouloir quitter l'école pour un moment.

Akiyoshi secoua la tête. Il était fou de se balader en pleine nuit au milieu d'un cimetière ! Pourtant, cela avait quelque chose de profondément fascinant et cela ne lui déplaisait pas totalement. Tout à coup, il aperçut la silhouette d'un homme près d'une des tombes. A la fois intrigué et effrayé, Akiyoshi hésita entre aller voir et s'en aller sur la pointe des pieds. Finalement il pivota sur les talons mais s'immobilisa tout aussitôt : une jeune fille se tenait pas très loin. Il ne croyait pas la connaître et peinait à distinguer ses traits. Il n'arrivait même pas à voir si c'était une prof ou un élève.

*qu'est-ce que je fais ? Je lui parle ou je l'ignore ?*

Question difficile à laquelle il refusait de donner une réponse. PEut-être viendrait-elle à lui ? A moins qu'elle ne prenne la fuite...

*et si elle fuit ? Je lui cours après ou je la laisse faire ?*

Absurde. Pourquoi se posait-il de telles questions ? Mieux valait laisser les choses se faire par elles-mêmes. Ce n'était pas très grave.

Unéra se retourna encore. Quelqu'un parlait..

Une silhouette se tenait non loin de là, du côté opposé.

Il y avait deux personnes..

Que faire ? Rester ? Partir ?

Le vent lui carressait doucement ses cheveux emmêlés. Elle décida de faire comme de rien n'était. Elle n'avait pas envie de rentrer, de traverser les rues bondées de monde et de rentrer à l'internat.

Elle s'effaça des rayons de la lune pour aller se dissimuler sous l'ombre de l'arbre. Et là, elle fit quelque chose d'étrange.

Elle tomba à genoux et se serra contre le tronc. Comme s'il pouvait ramener l'homme assassiné à ses pieds..

*T'es vraiment stupide, Unéra. Arrête.*

Ses mains glissaient contre l'écorce.

Ce n'était pas à la mort qu'elle en voulait. C'était à elle.

"Désolée" murmura-t-elle à son père avant de se relever.

Jamais elle ne s'était sentie aussi désarmée.

Akiyoshi avait vu la fille tomber à genoux. Aussitôt, il s'inquiéta et remonta à sa hauteur. Il se pencha vers elle, soucieux, braquant son regard saphir sur elle. Malgré la froideur de ses yeux, un éclat d'attention brillait et il tendit une main jusqu'à toucher l'épaule de la fille.

"est-ce que ça va ?"

Il se sentit un peu stupide. Cela ne lui ressemblait vraiment pas mais depuis quelques temps, il faisait un tas de choses qui ne lui ressemblaient pas. Il observa un long moment cette fille étrange qu'il ne connaissait pas, puis il fut frappé par la douleur qu'elle gardait au fond d'elle. Akiyoshi en eut une grimace de souffrance et ses beaux traits se crispèrent tandis qu'il s'efforçait de bloquer son empathie.

*bon sang ! Mais pourquoi tous les gens que je rencontre sont-ils en proie à la souffrance, au chagrin, à la colère et à tous ces foutus trucs qui font mal !!! J'en ai ras la casquette...*

Il attendait toujours une réponse de la fille, hésitant à partir avant de s'être assuré qu'elle allait bien.

Unéra sursauta et se retourna vivement, aux aguets. Pas question de se laisser aller pour un coup de fatigue !

Elle observa le jeune homme. Il n'avait pas l'air bien méchant mais elle resta sur ses gardes.

"Non, ça va" marmonna-t-elle en détournant du regard.

Elle se retint de lancer un regard glacial. Elle n'avait plus envie d'énerver des gens.

Ce fut un léger soulagement de retourner sur terre. L'inconnu, en revanche, n'avait pas l'air d'une gaieté extrême.

Elle voulut lui demander si lui allait mais ne trouva pas les mots. Elle se contenta de l'interroger du regard. S'il était assez profond, il pourrait peut-être comprendre..

Akiyoshi serra les dents, les sourcils froncés, essayant de dissimuler l'agitation nerveuse qui le tendait à l'extrême. Il n'en pouvait plus de cet affrontement quotidien entre tous ces sentiments qui le persécutaient dès qu'il s'approchait d'une personne. Mais c'était ainsi depuis toujours. Sa froideur et sa solitude lui avaient offert des moments de paix qu'il n'était pas prêt d'oublier, mais voilà que dans cet école, au contact de tant de gens, l'enfer le guettait de nouveau.

*bah, quand j'en pourrai plus, je m'éloignerai et je les fuirai à nouveau...*

Mais pour l'heure, il pouvait encore prendre sur lui et assumer le fardeau d'un tel don. Il s'était déjà trop confié depuis son arrivée. Il était temps de reprendre le dessus et de reformer son "bouclier" contre les gens. Ne jamais laisser paraître ses émotions, demeurer froid et détacher, aider quand il le pouvait, puis s'éloigner sans rien attendre en retour.

*brillante solution* songea-t-il.

Mais avait-il le choix ? Le visage fermé, il se força à esquisser un sourire.

"J'm'appelle Akiyoshi. Le coeur froid. La vieille femme qui m'a élevé prétend que c'est pour ça que les gens ont tendance à me fuir. Je suis froid, taciturne et solitaire. Alors ? C'est quoi ton nom ? Toi aussi tu vas partir en courant ?"

Il avait employé un ton plus dur qu'il ne l'aurait voulu. L'ironie qui perçait dans sa voix, à la limite de l'irritation, ne pouvait que faire fuir la jeune file. Akiyoshi s'en voulait un peu mais c'était le trop plein d'émotions qui l'avait poussé à agir ainsi.

*de toute façon, t'es bon qu'à faire du mal aux gens !*

Ce n'était pas entièrement faux, ni entièrement vrai.

Ultuant entendit un chuintement de gravier puis des voix non loin de lui. Il s'excusa auprès du mort et se releva pour aller voir. Il essuya ses fesses et avança sans le moindre bruit. Il s'agissait d'Akiyoshi et d'une fille à terre

*Encore lui ? Mais je le croises partout bon sang. Il doit bien m'aimer.*

Il rigola intérieurement à cette pensée et se plaça derrière le garçon. Il entendit sa phrase et ne put s'empêcher d'intervenir.

"Et tu crois que c'est une bonne idée de commencer comme ça ? Autant lui dire tout de suite, pars vite sinon je vais te tuer."

Il porta enfin son regard vers la jeune fille

"Mais moi j'aimerais bien savoir votre nom, ma chère"

Akiyoshi tourna les yeux vers son professeur.

*bon sang, mais il me suit à la trace ou quoi ? Il me surveille ? Il m'espionne ? Ou simple coïncidence ?*

Akiyoshi avait du mal à croire aux coïncidences. Il fronça les sourcils, jetant un regard froid à l'homme. Puis il se tourna de nouveau vers la fille.

"Tu as raison. Je n'ai pas à savoir ton nom. J'en ai pas besoin et je m'en fiche. Je ne sais même pas pourquoi je te l'ai demandé. Faut pas m'en vouloir. C'est juste que..."

Il se mordit la lèvre, hésitant à poursuivre. A l'évidence, il importunait cette fille. Il mit ses mains dans ses poches, baissant les yeux, son pied jouant machinalement avec une pierre. Devait-il lui présenter des excuses ?

*jamais... J'vois pas pourquoi...*

Mais il finit par relever la tête et regarda droit dans les yeux cette fille, pas bien grande, qui n'hésitait pas à le défier.

"Puisque tu ne veux pas de mon aide, je te laisse à ton... deuil..."

Unéra vit l'autre personne arriver. Un professeur, à l'évidence. Il s'adressa d'abord à Akiyoshi puis se tourna vers Unéra pour insister sur son prénom. Unéra soupira et décida de ne pas répondre.

"Faut pas m'en vouloir." lui disait l'autre.

Ben voyons. Unéra haussa un sourcil.

A présent, il baissait la tête. Puis il la releva et reprit la parole.

Il avait parlé de deuil. Unéra eut un léger haut-le-corps. Comment savait-il ?

Bon, ce n'était pas si difficile à deviner, mais quand même..

*Ne craque pas maintenant, sale conne !* criait une voix acérée en son for intérieur.

Unéra choisit de baisser la tête pour cacher son visage dans l'ombre. Personne ne verrait que ses yeux s'humidifiaient. Bon sang, c'était ce qu'il voulait, non ? Pourquoi lui donner satisfation ?!

Non, elle ne craquerait pas ! Elle ne craquerait pas ! Pas maintenant, ni jamais ! Elle..

Elle craqua. Elle dut hurler pour retenir ses larmes.

Elle se croyait forte. Imperturbable. Mais à ce moment-là, elle comprit qu'elle était plus vulnérable qu'autre chose.

Akiyoshi se demanda s'il n'avait pas commis une erreur en parlant de deuil. Bien sûr, il sentait sa souffrance et il savait que c'était lié à la perte de quelqu'un. Mais à l'évidence, il avait ravivé son chagrin et il s'en voulut.

*quand j'te que t'es bon qu'à faire du mal aux gens ! Crétin...*

Akiyoshi fronça les sourcils. La fille s'était glissée dans l'ombre, probablement pour dissimuler ses larmes. Il sursauta lorsqu'elle hurla et faillit se boucher les oreilles lorsque le cri mourut dans la nuit. Il demeura tétanisé un moment, se demandant ce qu'il devait faire. Le professeur ne réagissait pas, mais peut-être ne se sentait-il pas concerné.

*ben tiens... Ca ne le concerne pas d'ailleurs ! Ni moi...*

Le jeune homme s'approcha encore de quelques pas et toucha l'épaule de la fille.

"Ecoute, j'suis désolé si je t'ai fait du mal. C'était vraiment pas mon attention. Mais tu vois peut-être mieux pourquoi on m'appelle parfois coeur-froid... Si je peux faire quelque chose pour toi, tu n'as qu'à me le dire. Ou si tu veux..."

Il s'interrompit avant d'aller trop loin. Le mieux était peut-être de la laisser seule. Mais si elle avait seulement besoin d'une épaule pour pleurer ?

*ouais ben elle ira la trouver ailleurs*

Akiyoshi soupira. Pourquoi était-il comme ça alors qu'il ne cherchait qu'à aider ceux qui en avaient besoin ? Il décida d'attendre ici, tout près de la fille. Si elle lui disait de dégager, il s'en irait. Si elle voulait lui parler, il écouterait.

Aliana passait près du cimetière lorsque soudain elle entendit un hurlement.

Immédiatement elle escalada le mur et se précipita vers l’origine du cri.

Lorsqu’elle arriva, elle vit la jeune fille qu’elle avait vu dans la forêt et qu’elle avait laissée endormie ainsi qu’Akiyoshi et un homme qu’elle n’avait pas encore vu.

*Dieux ! Que se passe t-il ?*

La jeune fille était en larmes

Instinctivement, elle lança un sort d’apaisement pour la calmer et ralenti sa course…

"Ecoute, j'suis désolé si je t'ai fait du mal. C'était vraiment pas mon attention."

Ah, vraiment ?!

"Si je peux faire quelque chose pour toi, tu n'as qu'à me le dire. Ou si tu veux..."

Unéra lui lança un regard glacial.

"Faudrait savoir" hoqueta-t-elle, agacée.

Le professeur Fiiram fit la morale au garçon et Unéra détourna du regard. Elle n'aimait pas spécialement qu'on la défende. Elle se sentait.. Trop couvée. Etrange, me direz-vous. Mais elle n'aimait pas cette sensation.

Un voile d'apaisement sembla soudain se poser sur elle. Unéra inspira profondément et releva la tête vers les deux hommes, feignant de cacher ses yeux encore rouges.

Une jeune femme dont le physique mettait en confiance arriva en courant.

"Je ne crois pas qu'il ait voulu faire mal.." dit-elle.

Unéra resta sceptique. Ben voyons ! Une maladresse d'accord, mais à ce point ?!

Lorsque la nouvelle arrivant se rapprocha, Unéra se sentit plus sereine. Etrange sensation. Comme ce qui lui était arrivée dans la forêt quelques jours auparavent.

Elle hocha lentement la tête à la question qui suivit puis ce fut Ultuant qui prit la parole. Unéra regretta moins de s'être montrée agressive envers Akiyoshi.

Akiyoshi fut profondément blessé. Sa gorge se serra et il détourna les yeux, le coeur gonflé de chagrin. Il s'excusa mentalement de toutes ses forces, conscient que personne ne l'entendait mais cela l'aida quelque peu à neutraliser l'horrible sentiment de culpabilité qui le rongeait.

"Il est clair que je n'ai pas ma place parmi vous", déclara-t-il abruptement, le regard dur comme l'acier.

Il avala sa salive et prit une profonde inspiration avant de poursuivre.

"C'est vrai que je suis un solitaire et que je n'ai pas l'habitude de vivre en communauté. Désolé de ne pas connaître les... règles à respecter ! Je crois que je vais me tenir à l'écart autant que possible afin d'éviter de faire du mal aux gens que je veux aider. Quand on est bon à rien auprès des autres, autant les ignorer. Vous aviez au moins raison là-dessus professeur."

Il baissa les yeux vers la jeune fille.

"J'espère que tu te remettras. Mais apparemment, les professeurs sont là pour te défendre, te soutenir et t'aider, bien mieux que personne d'autre !! Alors puisque je n'ai plus rien à faire ici.. BON COURAGE !"

Sur ces mots, il tourna les talons, la rage au coeur. Il ne s'était jamais senti aussi mal et aussi repoussé depuis son... réveil dans la forêt, sous la pluie. A cette pensée, il décida de méditer un moment au contact des arbres et de se ressourcer auprès de sa précieuse Nature.

Unéra soupira intérieurement. Ce mec-là ne savait visiblement pas où il en était.

A présent, il reprochait à Unéra d'être défendue par les professeurs ?

Et il tourna les talons.

"Hey" le rappela Unéra. "On se calme. Te sens pas obligé de nous faire culpabiliser pour évacuer. Y'a de meilleurs moyens qui risquent moins de faire chier les gens, tu sais."

Elle se tut ensuite, le défiant du regard. Ce gars n'était vraiment pas clair. Bien sûr elle n'était pas très agréable envers lui, mais elle ne résistait pas à la douceur du sentiment d'assurance. Froide, cruelle, acérée, voire méprisante.. Elle savait que cela ne lui apporterait rien, excepté tensions et conflits, mais au moins, l'ennemi aidait à renforcer la défense.

Assez fermé sa gueule jusqu'ici.

Akiyoshi s'immobilisa. Il n'appréciait décidément pas le ton de cette fille. Il serra les poings, tendu, et pivota lentement sur ses talons, le regard noir. Il ressentit un cruel besoin de hurler au ciel la colère qui le tenaillait, mais il se contrôla, mais s'il bouillonnait intérieurement. Il se força à respirer calmement et remonta à la hauteur de la fille, se rapprochant d'un pas menaçant. Quand il fut suffisamment près, il plongea son regard bleu dans le sien.

"Tu sais quoi ? Mon seul défaut c'est de vouloir aider les autres malgré mon caractère difficile. Si je blesse les gens, ce n'est pas par méchanceté mais par maladresse. Coeur froid, coeur mort. Voilà ce que je suis."

Sa voix devint plus rauque.

"J'en ai rien à foutre de ce que tu penses et je ne faisais culpabiliser personne, si ce n'est moi ! Personne ne s'est jamais soucié de moi ! Personne ne m'a jamais tendu la main pour m'aider à me relever ! Personne ne m'a jamais écouté lorsque j'en avais VRAIMENT besoin. Personne n'a essayé de me comprendre... C'est pour ça que je suis si seul et que je deviens froid. Je dois supporter toute ma souffrance seul, sans personne pour me soutenir ! Alors encore désolé d'avoir voulu me soucier de toi !"

Akiyoshi se demanda si cette conversation le faisait plus souffrir ou enrager. Peut-être un peu des deux. Il aurait tant voulu être un gentil garçon et pouvoir aider cette fille avec douceur et bonté. Mais il en était incapable. Il s'était montré brutal et méchant. Un bon à rien. Elle avait raison de le mépriser et de le détester. Il n'avait que ce qu'il méritait.

*rien à foutre.* pensa-t-il durement.

Aliana s'était placé entre les deux jeune gens et saisit la main d'Akiyoshi au moment où il voulut partir

Ses pouvoirs étaient plus forts lorsqu'elle avait un contact physique même si elle devait le payer en échange. Plongeant ses yeux clairs dans ceux du jeune homme elle commença d'une voix douce

" Cela suffit... Il n'est pas bon de cultiver sa douleur si l'on ne souhaite pas qu'elle enfle tel un torrent au sortir de l'orage"


saisissant la main de la jeune fille elle lui sourit.

"Je pense que tout est parti d'un malentendu. Parfois pour ne pas souffrir ou ne pas faire souffrir on s'écarte des autres persuadé que c'est la meilleure solution"

elle leur transmit une onde de paix à tous deux

" si chacun y mets du sien, vous pourrez découvrir que l'amitié est un baume qui appaise la douleur. Ayez confiance... Ce n'est pas parce que vous avez été trahis que cela doit continuer... Il suffit d'un peu de bonne volonté...."

ce disant son regard allait de l'un à l'autre et elle réunit leur deux mains...

"essayez au moins..."

*Akiyoshi... comment t'aider si tu n'acceptes pas la main tendue ?*

Aliana replongea son regard clair dans les yeux de la jeune fille.
Elle n'avait jamais pu supporter de voir les gens malheureux.
Il y avait tant de douleur en chacun des deux jeunes gens.

"Si on recommençait à zéro ? Tout le monde a le droit a une nouvelle chance. Personne n'a le monopole de la douleur.... Essayez d'accepter la main tendue"

La jeune femme avait peur de parler dans le vide.

*J'espère qu'ils ne vont pas fermer leur esprit et se buter... ce serait si simple si l'on pouvait oublier...*

puis elle lança un regard vers Akiyoshi...

*quoique certains passent leur vie à chercher leur passé... Que la vie est difficile*

Aliana sentit une profonde tristesse l'envahir, celle des deux élèves... *si au moins ça pouvait les décharger un peu de leur peine...*

Akiyoshi retira sa main de celles de sa professeur. Il croisa les bras, l'esprit apaisé mais le coeur encore chagriné. Pour lui, pour la fille, pour tous ceux qu'il avait blessés, même sans le vouloir.

"Je vous remercie pour vos efforts, professeur. Malheureusement, les sorts ne suffisent pas toujours à guérir les blessures les plus profondes."

Il se tourna vers la jeune fille, de mauvaise humeur, mais décidé à terminer au plus vite cette histoire. L'intervention du professeur n'aurait pas été totalement vaine ou inutile.

"Je suis désolé de mettre emporté ou de t'avoir blessée", lâcha-t-il sans regarder la jeune fille.

*bon, à présent, le mieux, c'est que tu t'éclipses gentimenent et que tu évites de te mêler des affaires des autres, même ceux qui ont l'air de souffrir*

Oui, c'était sans doute le plus sage pour un bon à rien comme lui. Avec un peu de chance, il finirait par retrouver la mémoire ainsi que ses pouvoirs, et il pourrait quitter cette fichue école !

*et Eliana ?*

Cette pensée lui écrasa le coeur. Il ne voulait pas la quitter. Elle était la seule personne qui ne l'ait pas repoussé ou détesté. La seule personne qui lui ressemblait assez pour devenir son amie...