Rencontres nocturnes

Aliana eut un petit sourire triste...

"Tu as raison Akiyoshi, les sorts ne suffisent pas à guérir les blessures les plus profondes mais si tu laisses le temps au temps alors la douleur s'aténuera. La seule chose que je vous demande à tous deux c'est de ne pas fermer vos esprits et cultiver votre douleur. Chassez la de vos esprits et essayez d'accepter les mains tendus. C'est à ce seul prix que vous pourrez avancer dans la vie.
Contrairement à ce que vous croyez vous avez des personnes qui tiennent à vous..."

Sa voix s'était brisée sur ces dernières paroles. La jeune femme ressentait la tristesse de plus en plus présente dans son esprit et pour ne pas l'infliger aux autres, avant que ses larmes ne soient visibles sous ses cils, elle se changea en chouette effraie et s'envola dans le ciel ...

*Pourquoi ne peut-il y avoir plus de joies que de peines en ce monde... Je croyais qu'il était différent... je me suis peut être encore trompée...*

"Essayez d'accepter la main tendue"

La main tendue.. Est-ce qu'une main s'était seulement tendue, au moins une fois ? Bon, d'accord, il y en avait une juste sous ses yeux, mais ce n'était pas celle qui pouvait effacer toute douleur..

Oh, et puis après tout, y en avait-il une qui puisse justement effacer toute douleur ? Non.. Alors à quoi cela pouvait-il servir ?

Unéra retira sa main en même temps que le garçon qui croisa les bras.

"Je suis désolé de mettre emporté ou de t'avoir blessée" disait-il.

Unéra ne répondit pas tout de suite. Puis décida de ne pas répondre. Elle était vraiment trop fatiguée, à présent. Elle eut juste la force d'écouter la fin du discours de la jeune femme.

"Contrairement à ce que vous croyez vous avez des personnes qui tiennent à vous.."

Unéra eut un pincement au coeur. Qui pouvait tenir à elle ? A part son père, qui était mort.. Non, personne. Elle n'avait personne. Parce qu'elle n'avait justement jamais voulu personne. Seule.. Elle, elle et la nature. La solitude était sa seule amie, et elle était incroyablement fidèle.

La professeur se changea en chouette effraie et s'envola. Unéra jeta un dernier regard au garçon, un regard sans expression, puis tourna les talons.

Rayan avait suivit la scène sans intervenir.

Assis à califourchon sur une branche basse d'arbre, il était écoeuré.

*bon sang ! je trouverais jamais un endroit tranquille ici *

les sentiments qui s'échappaient de ces humains le dégoûtaient, tel un liquide sirupeux, ils l'atteignaient et se collaient à lui

*putain d'empathie ! *

il vit l'adulte tenter de réconcilier les adolescents, en vain, puis se transformer en chouette et s'envoler

*interessant, j'aimerai bien faire pareil*

puis la jeune fille partir, lorsqu'elle passa près de lui il murmura de façon audible

"pitoyable !"

Aliana ne voulait qu’une chose fuir cet endroit où elle se sentait inutile, fuir ces adolescents qui avaient en eux tant de douleur qu’ils en devenaient agressifs et fermés à tous contacts.

Elle s’était changée en chouette et s’était envolée, pour ne pas qu’ils voient ses larmes couler.

A peine fut-elle sortit de leur champ de vision, elle ressentit un danger imminent et avisa une très grosse pierre qui se dirigeait droit sur elle

*De cette taille ! *

puis un picotement lui parcourut l’échine

*mais on me lance un sort en plus !*

Se laissant glisser sur le côté elle tourna complètement sur elle-même et évita sans peine le roc, avant de s’élever droit vers le ciel, puis après avoir fait quelques instant du sur place, elle descendit avec le silence qui caractérisait sa forme.

*vu la faible puissance de la magie utilisée, cela m’étonnerait que ce soit un professeur. En tout cas cela n’avait rien de bienveillant*

Aliana se posa discrètement sur une branche et observa l’individu.

*Zack ! je l’ai eu à mon premier cours hier*

Elle était partagée entre l’envie de partir se reposer pour oublier et celui d’en savoir plus sur les motivations de son agresseur. Elle décida de le surveiller de loin.

Eh bien, il y avait du monde ce soir.. Unéra voulut s'en aller mais une voix résonna près d'elle.

"Pitoyable !"

Elle leva le nez. Un garçon se tenait là.. Assis sur une branche. L'air écoeuré, apparemment. Unéra le considéra d'un air las, impassible.

*D'où il sort celui-là ?*

"On ne t'a pas demandé ton avis" marmonna-t-elle avant de s'éloigner.

Elle croisa encore un autre garçon, un grand rouquin qui ne lui adressa pas un regard. Tant mieux. Elle n'avait pas envie de causer davantage ce soir-là.

A travers les feuillages, elle distinga une chouette, posée dans un arbre. Probablement Aliana, qui continuait à les surveiller. Unéra s'éloigna du cimetière, à la recherche d'une broussaille quelconque pour se poser et réfléchir en paix.

Jahuya passait non loin du cimetière, en quête d'un endroit plaisant pour la nuit. Mais non. Un bled perdu ! Un putain de trou du cul ! Elle enrageait.

"Je rêve" marmonna-t-elle pour elle-même.

Ce fut alors qu'elle perçut des voix dans le cimetière. Il y avait du monde.. Elle s'aventura entre les tombes d'une démarche décontractée, considérant avec surprise le monde qu'il y avait. Super, on ouvre des boîtes de nuit dans les cimetières maintenant ?

A présent, elle avait envie d'une cigarette. Elle fouilla dans la poche de sa veste et retira le paquet.. Vide. Elle l'avait fini en une semaine.

*Eh merde !*

Envoyant un coup de pied dans une pierre tombale, elle se tourna vers le premier venu ; un grand rouquin à l'air sournois qui lui plaisait assez.

"Hey t'as pas une clope ?" demanda-t-elle brusquement, les nerfs à vif.

Rayan sauta à bas de l’arbre.

La fille, le rouquin, l’aveugle maintenant !

*Putain, mais ça regorge de peuple ici ! Où trouverais-je un peu la paix !*

Dire qu’il n’avait même pas vu le rouquin. Un comble, il avait même fallut que ce soit l’aveugle qui lui demande du feu afin qu’il remarque sa présence.

Fourrant ses mains dans son blouson, il les observa deux secondes et eut un sourire mauvais avant de leur tourner le dos.

*ils semblaient aussi pervers l’un que l’autre, Zack risque d’avoir du fil à retordre…*

Rayan s’éloigna dans la direction de la première fille.